Les conditions de vie des femmes dans la chine d’aujourd’hui

INTRODUCTION

En Occident, la femme chinoise n’est souvent décrite que par des clichés. Par exemple, on entend souvent dire que : Les Chinoises sont soumises ou encore : Toutes les Chinoises sont de petite taille .C’est pour remédier à cela que j’ai choisi comme thème de mémoire les conditions de vies des femmes dans la Chine d’aujourd’hui.

Il m'est apparu bien ardu d'étudier dans son ensemble une population si diverse en si peu de pages. La jeune citadine ne souffre pas des mêmes maux que la femme vivant à la campagne. Plus éloignée du progrès de la modernité, cette dernière est moins bien lotie. Mais il n’y a pas seulement l’opposition entre la ville et la campagne en Chine. Il y aussi l'opposition Est-Ouest et Nord-Sud. En fait il n'y a pas une Chine, mais plusieurs, de même qu’on ne devrait pas parler de la femme chinoise, mais des femmes chinoises, en précisant quel est son âge, si elle vit à la campagne ou à la ville, si c’est une Han ou si elle appartient à une minorité ethnique.

Reste l'immense regret de n'avoir pu me rendre sur place et rencontrer directement celles pour lesquelles je me suis si vivement intéressée. Les inexactitudes et maladresses qui existent peut-être dans ce mémoire, viendront sans doute de ce manque de témoignages vivants. Je me suis surtout appuyée sur le livre du sinologue et historien Charles Meyer, Histoire de la Femme Chinoise. Mais celui-ci datant de 1986, il a fallu le compléter avec des articles de journaux et des études plus récents, afin d’effectuer une mise à jour des statistiques.

Et les chiffres parlent d’eux -mêmes. Par exemple, selon le Quotidien du Médecin, sont nés cette année 116,9 hommes pour 100 femmes . Ce déséquilibre numérique est révélateur d’autres inégalités. Traditionnellement, en Chine, les garçons sont préférés aux filles, et les femmes ont un statut très bas dans la société. Pourtant, la République Populaire de Chine, avait pris en 1949 des mesures dans le cadre d'une importante réforme sociale afin de favoriser l'émancipation de la femme et l'égalité des sexes. En pratique, une forte discrimination sexiste demeure.

Les temps ont changé, l’homme et la femme sont égaux. Ce que l’homme peut accomplir, la femme le peut aussi disait Mao Zedong. Aujourd’hui, cet objectif semble loin d’être atteint, et l’on peut se demander si les conditions de vies des Chinoises se sont réellement améliorées.

Pour répondre à cette question, il faut étudier les conditions de vies des femmes chinoises tant sur le plan de leur vie privée (I). Il faut voir aussi si elles doivent faire face à des problèmes spécifiques (II) avant de pouvoir dresser un bilan.

I –ETRE UNE FEMME EN CHINE

Afin de mieux comprendre comment se comportent les femmes chinoises dans leur vie privée , il faut revenir sur le passé, voir comment les femmes se sont émancipées. Cependant, il faut retenir qu’on ne peut généraliser les propos qui vont suivre. En effet, la Chine est un territoire immense doté d’une population nombreuse avec des multiples différences historiques entre les régions.

Historique de la condition féminine en Chine

D’après Charles Meyer, au tout début de la civilisation chinoise, le peuple de paysans, régi par des princes, se répartissait les tâches ainsi : nan zhu wai, nu zhu nei . Aux hommes incombaient l’extérieur : cultures des terres, élevages, chasse et guerre. Aux femmes, l’intérieur , les provisions, les enfants et la cuisine. Mais quand arrive l’hiver, la famille entière reste dans la maison, domaine de prédilection des femmes. Elles y font respecter l’ordre du dedans, ce qui leur confère un certain pouvoir. Leur rôle était donc tout tracé :

Dans la Chine ancienne, que ce soit dans le domaine de la vie politique, économique, culturelle, sociale ou familiale, la femme se trouvait dans une position inégale à celle de l'homme. Elle n'avait pas de droit de possession et de succession des biens familiaux, ni de source de revenus qui lui étaient propres.

De plus, auparavant, la famille chinoise ne s’articulait pas autour du couple mari–femme, mais autour de l’axe père–fils, axe purement masculin destiné à assurer la perpétuité de la race. La femme n’est que la génitrice, d’autant plus que ses pieds bandés lui interdisent de longs déplacements. Elle est dépendante de l’homme ou plutôt de sa famille, dans laquelle elle est placée dès son mariage, et même parfois avant comme fillette esclave destinée à devenir l’épouse du fils.

La morale confucéenne imposait trois soumissions : la femme avant le mariage est soumise à son père, puis à son mari, et en cas de veuvage à son fils aîné ; cette morale dicte également quatre vertus : la conduite (chasteté), le vêtement (modeste), l’élocution (réserve et quasi-silence) et les qualités ménagères.

Cela illustre bien les paroles du sinologue Marcel Granet à propos de la Chinoise : Dès qu’elle sait parler, on l’oriente vers une destinée de soumission en lui apprenant à dire oui sur le ton humble qui convient aux femmes . Kou Hou ming ,lui, décrit en 1915, l’idéal féminin chinois : c'est un idéal qui a un balai dans les mains pour nettoyer les chambres (référence à l'écriture du terme 'épouse'). La femme chinoise obéit (doit obéir) à la règle des quatre vertus et des trois obéissances. Les vertus de la femme chinoise tiennent dans le caractère, la conversation, l'apparence et le travail féminins. Les obéissances sont pour la femme de vivre pour son père lorsqu'elle n'est pas mariée, pour son mari lorsqu'elle est mariée, pour ses enfants lorsqu'elle est veuve. La femme chinoise doit aussi faire preuve d'absence d'égoïsme et tolérer les concubines de son mari (et même s'en réjouir).La femme chinoise joue un rôle fondamental pour la civilisation chinoise en tant que gardienne du foyer, véritable équivalent chinois de l'église occidentale.

Dans l’empire du milieu, la femme était promise à un seul destin : mettre au monde un enfant mâle. Sans quoi, elle devra accepter une ou plusieurs concubines dont les enfants mâles feront pleinement partie de la famille. La conduite exigée de l’épouse par sa belle-famille était simple : elle devait s’effacer et ne jamais se faire remarquer.

Si la petite fille chinoise était mal accueillie à sa naissance, c’est qu’il fallait financer son éducation et ce à fonds perdus car, mariée, elle devait quitter sa famille et ne pouvait donc aider ses vieux parents.

La Chinoise était également privée du droit à l'instruction et de participer aux activités sociales. Obligée d'obéir aux ordres de ses parents pour le choix de son mari et de conclure son mariage par l'intermédiaire d'une entremetteuse, si son mari mourait, elle ne pouvait pas se remarier.

Elle était aussi victime de la polygamie et de la légalisation de la prostitution. La grande majorité des femmes était forcée de se bander les pieds. Cette pratique qui durait depuis plusieurs centaines d’années a fait que les femmes chinoises étaient surnommées les femmes aux pieds bandés.

Pour leur émancipation, les femmes chinoises –aidées par quelques hommes- se sont battues pendant une centaine d'années, et déclenché plusieurs mouvements de libération. Le Mouvement du Royaume céleste des Taiping élabora une série de politiques prônant l'égalité entre hommes et femmes.

Le Mouvement réformiste de 1898 émit l'interdiction de bander les pieds des femmes et incita à la création d'établissements d'enseignement pour femmes.

La Révolution de 1911 déclencha une campagne féministe dont l'objectif principal était de réaliser l'égalité entre homme et femme, et la participation des femmes aux affaires d'Etat.

Ces mouvements ont beaucoup contribué à l'éveil de la femme chinoise, sans changer cependant radicalement le destin misérable de la femme chinoise opprimée et asservie.