Extras din referat
Dans La Machine infernale, pièce en quatre actes composée en 1932 et jouée le 10 avril 1934, Cocteau reprend le mythe antique d’Œdipe, hérité de la tragédie Œdipe-Roi de l’auteur grec Sophocle, pour présenter sa propre conception du tragique et de la place des hommes dans le monde.
Sachant qu’étymologiquement le mythe est une - parole - , un récit transmis oralement au fil des générations, rien de surprenant à ce que chaque auteur se le réapproprie, le réinvente, le charge d’un sens en accord avec ses propres préoccupations et celles de son temps. Il est donc essentiel de mieux connaître la période de l’entre-deux-guerres, pour comprendre le sens que Cocteau va donner à ce mythe et le ton adopté dans sa pièce.
L'observation des titres que Cocteau attribue aux 4 actes de sa pièce révèle déjà un choix fondamental qui l'oppose à ses prédécesseurs, par la chronologie qu’il choisit.
Seul l'acte IV, intitulé "Œdipe Roi", correspond à l’héritage de Sophocle, la tradition qui raconte l'enquête d'Œdipe pour découvrir le coupable du meurtre de Laïos, cause de la peste qui ravage la ville. Cette enquête le conduit à découvrir, en même temps que son identité, son double crime, le parricide et l'inceste. Mais, comme le précise la didascalie initiale, cet acte IV se déroule "Dix-sept ans après".
Les trois actes précédents sont donc une création originale de Cocteau qui remonte le temps en s'inspirant des éléments hérités du mythe. Mais eux-mêmes suivent une chronologie spécifique : les actes II ("La rencontre d'Oedipe et du Sphinx") et III ("La nuit de noces") s'enchaînent, mais l’acte II marque un recul temporel par rapport à la fin du premier, "Le fantôme". C’est ce qu'explicite "la Voix" qui ouvre chacun des actes à la façon du chœur antique séparant les épisodes : - Spectateurs, nous allons imaginer un recul dans le temps et revivre, ailleurs, les minutes que nous venons de vivre ensemble. - Cocteau dote donc son spectateur d'un étrange don d'ubiquité, en lui offrant la possibilité de ce dédoublement temporel.
Comme dans l’antiquité, l'acte I est précédé par un prologue, pris lui aussi en charge par "la Voix", qui raconte par avance l'intrigue, la double faute d'Œdipe : - Il tuera son père. Il épousera sa mère. - Elle affirme ainsi le destin du héros. Et l'acte II, lui, représente l'épisode qui le scelle : c'est parce qu'il délivre Thèbes du Sphinx monstrueux qu'Œdipe peut épouser la reine Jocaste, veuve, promise au vainqueur et que la - nuit de noces - , montrée dans l’acte III, peut avoir lieu.
Ainsi, Cocteau intègre dans sa pièce la durée du mythe qu’avait supprimée Sophocle. Chez l’auteur grec, en effet, on ne voit que la soudaineté d’une crise, brutale. L’enquête d’Œdipe peut coïncider avec la durée du spectacle. Nous sommes dans le temps des hommes, dont nous mesurons ainsi l’aveuglement. Au contraire, chez Cocteau, - Dix-sept ans ont passé vite - , séparant le 1er acte du dernier, tandis que les actes I et II sont simultanés, et le moment de la vérité n’occupe que l’acte IV, le plus court. Cocteau nous emporte dans le temps des dieux dont l’essentiel de la pièce montre l’action invisible, le poids sur le destin humain. C’est leur puissance qui est mise en valeur, face aux - pauvres hommes - .
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